Repéré... {Théo & Benjamin.}

Théo était sorti de chez lui sans vraiment savoir où aller, il voulait prendre l'air. Il était déjà tard et Théo marchait droit devant lui, un peu distrait par la beautée de la nuit. Il passa devant quelques bars et hésita à s'arrêter mais sans savoir pourquoi, il continuait d'avancer. Il se retrouva pour finir en face de The Prinz', une des boites les plus branchées de Londres, le coin préféré des paparazzis... A l'intérieur, il n'y avait que des personnes célebres ou extremement riches et il était difficil d'y entrer. Pour Théo, ce n'était biensur pas compliqué, il lui suffisait de dire son nom. Il décida donc d'entrer fair un tour et de s'amuser. Quand le videur le reconnu, il le laissa entrer sans hésiter et, arrivé à l'intérieur, Théo enleva sa casquette. Maintenant, il n'avait plus envie de passer inaperçu. Il commanda une vodka et regarda la pièce autour de lui. Tout semblait parfait, la musique, l'alchool, les jolies filles... Cette soirée s'annonçait bien lorsque Théo remarqua un homme qui le fixait bizarement. Il ne le regardait pas comme une personne normale, ni comme un fan... Son regard était... victorieux! Il continuait de le regarder sans cacher son interêt et Théo comprit. Un paparazzi, encore... Théo hésita entre s'en aller afin d'éviter de faire la première page des magasine, le provoquer ou l'oublier et s'amuser... Comme l'homme continuait de le dévisager, Théo se demanda si c'était vraiment un journaliste. En général, ils font semblant de rien, restent discrèt... Théo but sa vodka en vitesse et se dirigea vers la table du jeune homme. Il n'était pas encore certain de ce qu'il allait faire, mais il voulait savoir ce que cet homme lui voulait. Il prit place à côté de lui sans poseer de question.

- Bonjour. Vous êtes??

L'homme répondit d'un ton calme, apparement, Théo ne l'impretionnait pas!

- Benjamin Crayde.

- Et vous êtes?? Enfin, on se connait?

Parler à un journaliste était stupide, Théo décida donc que ce n'était qu'un simple inconnu avec qui il voulait faire connaiscance. En réaltié, il cherchait juste à savoir ce qu'il lui voulait...

C'était une soirée des plus banales pour Benjamin. Surtout Benjamin Krayde, le journaliste sans doute le plus blasé et sadique de tout Londres réunis. Après tout, quand on avait survécu aux States pendant deux décennies passées, ça n'était pas le pays de la reine qui allait impressionner notre beau brun.

On ne pouvait pas franchement dire que la nuit était des plus belles non plus. La lune en croissant éclairait à peine les quelques ruelles fréquentées par des étudiants peu bûcheurs qui préféraient passer leur jeudi soir à faire la tournée des bars plutôt qu'à réviser pour leur examen de demain. La population nocturne en ce milieu de semaine était effectivement mineure en moyenne, et le pauvre Ben' se prenait un coup de vieux sans le vouloir. Enfin, ça n'était pas ça non plus qui allait le faire pleurer, mais de voir autant de jeunots dans le même coin, c'était une vision somme toute déprimante. Pourquoi était-il sorti alors qu'il savait très bien quel spectacle allait s'offrir à lui? Parce que tout simplement il n'avait rien d'autre à faire. Sans doute que Jane était partie faire la bringue avec sa grande copine Helen - oh rage, oh désespoir! - et le programme télé était des plus déplorables. L'alcool manquait à l'appartement et il connaissait sa vidéothèque par coeur. Mince alors, en voilà une soirée minable. Plus qu'une chose à faire alors, sortir et aller n'importe où.

Ce soir-là, le n'importe où, ce fut le Prinz'. Pourquoi? Aucune idée. Sans doute le boum boum incessant qui provenait de l'intérieur l'appelait-il inconsciemment. Ou plutôt, il savait que là-dedans, il y aurait des gens de son âge, des spectacles assez marrants à mater, et pourquoi pas du scoop à dégoter. Et encore, ça n'était pas tant ça le plus important ce soir. Les scoops, il en avait plein la besace en ce moment. De quoi faire 5 articles, surtout avec cette pauvre June et son blondinet qui se la jouait Roméo et Juliette. Du grand n'importe quoi encore une fois! Enfin, ne pas juger, se contenter de critiquer.

Benjamin n'eut pas trop de mal à rentrer. En fait, les videurs étaient habitués à sa petite tête de fouine et si au début, il galérait sec pour mettre un talon sur le parquet bien ciré de la boîte, maintenant il pouvait y aller facile en moonwalk et les yeux fermés. C'était sympa de copiner avec le videur. Pratique surtout.

Une fois dedans, notre journaliste jeta un oeil rapide sur la carte des cocktails et en commanda un au hasard - tant qu'il y a de l'alcool, il y a de l'espoir. Sirotant du bout de sa paille la mixture délicieusement sucrée, Benjamin scrutait la boîte et repérait les têtes célèbres. La femme d'untel. Le fils du maire qui jouait le débauché avec un autre fils à papa. Bof, pas nouveau cette gay attitude. Et Théo Miller.

*Tiens Tiens... Qu'est-ce que tu fais là mon salaud?*

En fait, Benjamin n'était pas à proprement parler étonné de trouver un des acteurs de la série événement en train de picoler. Ce qui le surprenait nettement plus, c'était qu'il picole seul. Enfin, c'était son problème en même temps. Et bien que Ben' n'avait pas prévu de scruter des gestes people, il décida qu'il n'avait rien de mieux à faire et s'amusa à le fixer, décelant les petits défauts de ce personnage. Apparemment, la starlette l'avait repéré mais Benjamin s'en moquait éperdument. Il n'avait pas peur d'eux. C'était plutôt eux qui avaient peur de lui en général. Parce que les rumeurs, ça faisait plus mal que les coups.

Et puis, Théo vint s'assoir à côté de lui, comme ça, sans rien dire. Benjamin tiqua mentalement, mais ne broncha pas face à cette attitude. Mais il en avait un sacré coup dans le nez ou quoi? Il ne se souvenait pas que ce type soit assez malin pour venir le provoquer de la sorte. Qu'est-ce qui lui prenait?

*Quoi?*

Il lui demandait qui... Oh mon dieu, ça c'était l'apocalypse en direct. Théo Miller, que sieur Krayde avait mainte et mainte fois descendu dans sa rubrique news, venait le voir innocemment en lui demandant qui il était. C'était hallucinant. Juste hallucinant. Il se croyait plus connu que ça. A moins que la vodka n'aide pas notre pauvre teenage boy à l'écran à se souvenir de la tronche de ses détracteurs.

Mais soit. Benjamin prit son air le plus détaché et flegmatique - en réalité, son air Benjamin - et répondit d'un ton calme et aucunement démonstratif.

- Benjamin Krayde.

C'était clair, net, précis. A la limite, qu'il ne se souvienne pas de son visage avec de l'alcool dans le sang et la vision trouble, ok. Mais alors qu'il passe à côté de son nom, ça serait gros tout de même...

Bon, et bien, c'était gros. Apparemment, Théo ne le remettait pas. Tant mieux, ça serait plus drôle. Raison pour laquelle Ben' élargit son éternel sourire qui se transforma presque en rictus devant la naïveté du jeune homme. Il lui répondit, amusé.

- On peut dire qu'on se connait. Enfin, je te connais. Je te connais bien même. En fait, tout le monde te connait ici. Mais tu pourrais me connaître. Enfin, sachant que je te connais mieux que tous les autres qui te connaissent sans pour autant clairement te connaître, tu me reconnais?

Il lâcha un léger souffle amusé, tout fier d'embrouiller sa nouvelle tête de turc de la soirée.

L'inconnu se mit à débiter toute sorte de choses incompréensible à une vitesse incroyable. Lorsqu'il s'arrêta enfin de parler, l'air amusé, Théo arqua les sourcils.

- J'ai une tête à vouloir jouer aux devinettes?

Il paraissait amusé mais dans le fond, Théo avait tout de suite vu qu'il était un peu blessé de savoir qu'il ignorait quil il était... La serveuse apporta à Théo sa vodka et resta quelques secondes à l'observer, attendant sans doute quelque chose.

- Heu... Merci, vous pouvez y aller maintenant.

Il regarda Benjamin, un sourir aux lèvres.

- Ah, ces fans... Ils sont incorrigibles!

Théo se mit à rire. L'inconnu avait vraiment l'air vexé que le jeune acteur ne lui prete pas plus d'attention. Il profitait donc encore plus de cette serveuse émerveillé pour s'amuser avec lui. Le pauvre qui avait apparement l'impretion d'être connu de tous...

- Ah je sais, tu es un fan obsédé et fasciné par ma vie qui fait tout pour me ressembler!

Il continuait à rire devant la mine décomposer de Krayde, l'inconnu qui semblait sûr de lui. Théo n'étiat pas vraiment aussi prétencieux, mais il avait envie de jouer, de se moquer de lui tout simplement. Qui il était vraiment, il n'était pas encore vraiment sur de le savoir... Pour l'instant, ça resterait quelqu'un d'un peu stupide certain de connaitre tout sur le beau Théo...

Franchement, Benjamin était en mesure de se demander quelle substance illicite venait d'ingurgiter le bellâtre de Théo ce soir-là. Tout d'abord, parce qu'il avait les yeux un peu dans le vague, et une tendance à se marrer pour n'importe quoi. Ensuite, parce qu'il était stupide. Mais bon ça, même à jeun, Théo Miller était stupide, voir débile. En même temps, il était acteur alors on ne pouvait pas non plus franchement lui demander d'être intelligent. Ca n'était pas son rôle.

*Soit beau et tais-toi... Mais applique la phrase un peu!*

Le type n'avait toujours pas tilté ce que Ben' essayait de lui faire comprendre, d'une façon un peu compliquée certes, mais quand même. Sur le coup, Benjamin eut envie de lui répondre quelque chose d'incontrôlé et de pulsionnel, du genre:

*T'as même pas une tête à savoir jouer au domino, alors aux devinettes!*

Mais bon, tout de même, il s'abstint d'une telle remarque qui lui aurait sans doute valu une baffe. Ou bien, une autre réaction tout à fait bizarre, mais il n'avait pas envie non plus de le voir faire une overdose en direct. C'était assez inconfortable comme situation de voir un drogué en chute libre devant vous, alors non merci, il voulait bien s'abstenir. Et si en plus, il commandait encore de la vodka... Alors là, Ben' se demandait vraiment où ça allait les mener. Et monsieur Miller qui enchaîna avec une pointe d'humour, comme s'il était le maître incontesté du monde.

Ca c'était sans doute la chose qui énervait le plus Benjamin chez ces acteurs. Déjà, ils gagnaient un fric monstrueux en exposant leur visage parfait - ou plutôt parfaitement maquillé. Ils étaient payés à faire semblant d'être amoureux. Ils se croyaient maîtres de la ville parce qu'on les reconnaissaient partout. Et surtout, sous prétexte qu'ils passaient à la télé, ils avaient l'impression que tout leur était du. Que si la serveuse se plantait là, c'était parce qu'elle avait envie de l'observer sous toutes les coutures alors qu'elle attendait sans doute juste un pourboire alléchant. Ils se prenaient pour des rois, alors qu'ils n'étaient que des bouffons, uniquement destinés à l'univers du divertissement, et qui seraient relégués aux oubliettes dans quelques années. Elizabeth II, elle avait de la prestance elle! Pas comme ces idiots du star-system qui gagnaient leur rente à vie en deux ans. Il ne les enviait pas... Ca non, il n'aurait jamais vendu son corps à un projecteur pour le double du salaire de June. Il n'était pas une p*te de luxe.

A la phrase suivante, Benjamin quitta son expression neutre et raffinée pour un visage blasé et découragé. Comment pouvait-on être aussi bête, sincèrement? Est-ce qu'il avait la tête du fanatique des séries qui espionnaient ses stars préférées jusque dans leurs bars? Non mais pour un pue, il lui aurait franchement ri au nez. Quel petit vantard alors! Il reprit alors une mine de circonstance, son sourire revenant à sa place habituel, et continua sur un ton calme et posé, sans jamais lever la voix.

- Déjà, je trouverais ça terriblement pathétique de ressembler à un type qui passe toutes ses soirées en boîte pour tromper l'ennui et dépenser son trop plein d'argent. Ensuite, je n'ai jamais regardé un seul épisode de cette série ennuyeuse que tu tournes avec tes riches amis et ta petite-amie, ou plutôt ton objet sexuel, alias Meira Sheepard. Je ne suis obsédé ni par toi, ni par personne parce que vous n'en valez pas la peine. Vous êtes dérisoires, vous êtes les pantins de Darling qui nous souffle à l'oreille toutes les saloperies qu'on doit cracher sur votre dos. Vous vous faites manipuler, votre vie sera détruite dans moins de trois ans par l'alcool, les maladies vénériennes et la drogue que vous consommez en masse. Je n'ai rien à vous envier, même pas l'argent sale et facile que vous gagnez. Alors franchement, arrête de me ranger parmi la masse débile qui vous adule parce que vous avez des gueules d'ange après un long séjour chez la maquilleuse.

Après ce monologue qui le satisfaisait grandement, il attrapa la paille de son cocktail et en but une longue gorgée, un large sourire fendant son visage angélique et à la moins démoniaque.

- Déjà, je trouverais ça terriblement pathétique de ressembler à un type qui passe toutes ses soirées en boîte pour tromper l'ennui et dépenser son trop plein d'argent. Ensuite, je n'ai jamais regardé un seul épisode de cette série ennuyeuse que tu tournes avec tes riches amis et ta petite-amie, ou plutôt ton objet sexuel, alias Meira Sheepard. Je ne suis obsédé ni par toi, ni par personne parce que vous n'en valez pas la peine. Vous êtes dérisoires, vous êtes les pantins de Darling qui nous souffle à l'oreille toutes les saloperies qu'on doit cracher sur votre dos. Vous vous faites manipuler, votre vie sera détruite dans moins de trois ans par l'alcool, les maladies vénériennes et la drogue que vous consommez en masse. Je n'ai rien à vous envier, même pas l'argent sale et facile que vous gagnez. Alors franchement, arrête de me ranger parmi la masse débile qui vous adule parce que vous avez des gueules d'ange après un long séjour chez la maquilleuse.

Théo l'observa un long moment, analysant les moindres détails de ce visage malicieux et cherchant une ressemblance quelconque avec quelqu'un qu'il connaissait. Ce n'était pas un fan, pas un abruti jaloux de son succès et il semblait avoir une dent contre tout ce qui touchait de près ou de loin à la célébrité. Ca aurait pu être un acteur raté à qui Théo avait volé un rôle, mais il s'en souviendrait certainement et ce visage n'était jamais apparu dans un film. Ou seulement comme figurant très très discret... Une phrase le choqua et il avait beau réfléchir, il ne voyait pas où il voulait en venir. "Vous êtes dérisoires, vous êtes les pantins de Darling qui nous souffle à l'oreille toutes les saloperies qu'on doit cracher sur votre dos "
Comment connaissait-il Darling et qui était On ? Théo jeta un regard autour de lui. Pas mal de personne les observait à présent. Le Prinz était le repère de la plupart des stars et il y en avait constamment ici, pourtant, on leur portait toujours autant d'attention. Théo se souvenait encore du début de sa carrière, bien que ça remonte à loin maintenant. Il était encore jeune et ne comprenait pas pourquoi les gens l'aimaient autant. Lorsqu'il marchait dans la rue, les gens se retounraient, le montraient du doigt et ses amis avaient fini par ne plus vouloir sortir avec lui. Quelques années plus tard, les regards ne le gênaient plus et tout le monde se battait pour être vu dans la rue avec lui. A présent, tout ça a moins d'importance et il n'imagine plus la vie autrement mais quand il regarde autour de lui et qu'il remarque que tout le monde le contemple, qu'il est épié de tous, il se demande ce que ça fait de passer incognito, de ne pas avoir besoin de lunettes de soleil et de chapeau pour être tranquille dans la rue... Théo reporta son attention sur Benjamin avant de se mettre à rire.

- Dis donc, t'as pas l'air de beaucoup m'aimer! Houuu, tant de haine dans un si petit bonhomme! Et tu sembles en savoir beaucoup sur moi pour quelqu'un qui me trouve si pathétique. Surtout que la plupart des choses que tu dis sont fausses... Faut pas toujours croire les paparazzis!

Théo s'apprêtait à continuer dans sa moquerie lorsque quelque chose attira son attention. Il baissa la tête et regarda un moment le sac de l'inconnu. Il était vieux, abimé et surtout... Ouvert. Théo remarqua tout de suite ce qu'il avait vu et un déclic se fit enfin dans sa tête. Il continua à regarder l'appareil photo et le bloc note qu'il y avait dans le sac et son sourire disparu. Il leva la tête vers Benjamin qui n'avait rien remarqué et Théo compris enfin tous les sous-entendu qu'il faisait depuis le début.

- Ho, je vois! Benjamin Krayde, le journaliste connu pour dire toujours des conneries! C'est incroyable. Tu gagnes ta vie grâce à moi alors que tu fais tout pour pourir la mienne et tu ne te sens même pas redevable!

Théo se remit à rire, amusé par la situation. Jamais il n'aurait pensé rencontrer ce journaliste à dont il avait si souvent rêvé de faire la peau et maintenant qu'il était là, Théo imaginait déjà mille façons de lui faire regretter ce qu'il avait pu dire sur lui. Le plus marrant pour le moment, c'était de se moquer gentillement. Théo avait surtout hâte de lui demander s'il savait à quel point la plupart de ce qu'il disait était faux ou s'il cherchait juste à gagner du blés sans se soucier de la vérité...